Quelle essence choisir pour son ancienne ?
Entre E10, E85, Super 95, Super 98, l’hésitation peut être de mise au moment de faire le plein de son ancienne. Retro+ vous conseille pour préserver au mieux votre mécanique.
Pour le collectionneur, le choix à la pompe est une question depuis l’apparition de l’essence sans plomb depuis la fin des années 1980 et sa suppression définitive dans les années 2000. Le carburant vendu auparavant comportait une certaine teneur de ce métal afin d’assurer un rôle de protection des soupapes et de leur siège (particulièrement d’échappement) et augmenter du taux d’octane. Ce dernier effet a été compensé sur les nouveaux carburants sans plomb, mais pas celui de la protection des moteurs. C’est pourquoi sont apparus les additifs, qui continuent aujourd’hui à susciter des débats enflammés dans la communauté.
Mon ancienne a-t-elle besoin d’un additif ?
Les effets délétères de l’utilisation d’un carburant sans plomb sur un moteur non prévu à l’origine pour le supporter ne sont jamais immédiats : ils provoquent en théorie une usure accrue des sièges de soupapes d’échappement dans la durée, qui se manifeste d’autant plus tardivement que la plupart des collectionneurs roulent peu, sans solliciter à l’excès leur moteur. Cependant, l’usage d’un additif, bien que souvent controversé, reste recommandé pour augmenter la durée de vie de sa mécanique, d’autant plus que son coût est peu élevé. L’oublier pour un trajet ne sera toutefois jamais une cause de panne immédiate.
Du sans plomb pour tous les moteurs ?
Reste à savoir quels moteurs supportent sans problème le sans plomb et c’est là que la question se complique. En effet, s’il est généralement admis que tous les modèles commercialisés en France après 1987 sont conçus pour l’accepter, de nombreux moteurs antérieurs peuvent également l’absorber sans modification, notamment lorsqu’ils ont été commercialisés sur les marchés américains et japonais, où l’essence sans plomb a été utilisée dès les années 70. Par ailleurs, depuis cette date, de nombreux moteurs de voitures de collection ont été refaits, avec le montage de sièges de soupapes et de soupapes renforcées compatibles avec le sans plomb. C’est pourquoi la présence de factures détaillées est toujours un plus pour en avoir le coeur net.
Pour se rassurer, ne pas hésiter à en parler avec les clubs et les autres collectionneurs
Pour compliquer encore le diagnostic, de nombreux moteurs anciens peuvent, du fait de leur conception, supporter de l’essence non plombée… même si cela n’était pas envisagé par le constructeur au départ. Pour se faire une opinion définitive, si ce dernier n’a pas répondu explicitement à la question dans le manuel de bord, il convient donc se rapprocher des clubs et de ceux qui savent : depuis plus de trois décennies, nombreux sont les collectionneurs qui ont roulé de très nombreux kilomètres au sans plomb. Un retour d’expérience précieux à collecter également auprès des forums spécialisés.
Faut-il préférer du super 95 ou 98 ?
Le chiffre 95 ou 98 correspond au taux d’octane, qui détermine le point d’explosion sans auto-allumage du mélange introduit dans les chambres de combustion. Un phénomène qui peut provoquer de graves dégâts dans les moteurs. La tentation est donc grande d’opter pour l’indice le plus élevé… ce qui ne s’avère pas toujours indispensable. De nombreux moteurs anciens sont conçus pour absorber ce qu’on appelait alors de l’essence « ordinaire » à faible taux d’octane. L’utilisation systématique du super 98 n’est à recommander que pour des moteurs performants, suralimentés ou conçus d’origine exclusivement pour rouler au supercarburant. Là encore, la consultation du manuel d’origine est indispensable. Il subsiste néanmoins un piège pour l’utilisateur, dans la mesure où le Super 95 « pur » c’est-à-dire sans éthanol, est de plus en plus rare en station, ce qui nous amène à la problématique suivante.
Puis-je utiliser de l’E10 dans mon ancienne ?
Depuis la fin des années 2010, l’essence la moins chère disponible en station mais aussi la plus répandue a pris l’appellation Super 95 E10, qui comporte donc 10 % d’éthanol, alors que le Super 98 n’en contient que 5 %. Si l’éthanol profite d’un pouvoir explosif intéressant, il n’apparaît pas adapté pour les modèles anciens, en raison de son fort pouvoir détergent, qui accélère l’usure des durits, des membranes des pompes à essence ou des sièges de soupapes. La date fatidique en la matière est 2000, à partir de laquelle l’immense majorité des véhicules du marché sont devenus compatibles avec ce carburant. Ce dernier se dégrade également beaucoup plus rapidement dans le temps, ce qui provoque des dépôts dans les cuves de carburateurs ou au fond des réservoirs d’essence, un problème d’autant plus prégnant que la plupart des voitures anciennes roulent peu. C’est pourquoi l’utilisation du 98 apparaît comme un moindre mal.
L’E85, une solution à proscrire
La question se pose encore moins pour l’E85 qui comporte 85 % d’éthanol. Son usage est à proscrire pour un modèle qui n’a pas été modifié au préalable, dans la mesure où son pouvoir énergétique est inférieur : une plus grande quantité de carburant est nécessaire à chaque cycle, ce que la conception des injections et carburateurs anciens ne prévoit pas. Et bien entendu, la question de l’usure accélérée des caoutchoucs et des sièges de soupapes se pose encore plus.
L’avenir : vers les carburants synthétiques
Avec la raréfaction du pétrole et la montée des enjeux environnementaux, la question du carburant va se poser de manière encore plus prégnante pour les anciennes dans les années à venir. C’est pourquoi des constructeurs et des pétroliers travaillent sur des carburants synthétiques moins dommageables pour l’environnement. De nombreuses expériences ont été menées sur leur compatibilité avec les moteurs anciens notamment lors de la dernière édition des 24 Heures du Mans Classic où toutes les voitures en piste ont utilisé ce type d’essence sans dommage : une perspective très positive pour l’avenir de la collection.
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Écrit par Rétro+ — Publié le